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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/114

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à vos genoux ; tu attiseras sur-tout cette flamme dont elle brûle pour son mari, tu lui proposeras de te charger de ses lettres, tu modéreras toujours, en un mot, avec art, et cet amour pour mon fils, et la soumission que j’exige d’elle ; de cette manière, mes vues seront remplies ; elle m’invoquera pour finir son supplice, elle m’accordera tout pour revoir Antonio, elle exigera même que je me satisfasse, afin de la rendre plutôt à son époux… et voilà le but de mes desirs.

Camille, aussi pervertie que son maître, ne s’effraya nullement de ces exécrables desseins, ces monstrueux discours ne la firent point frémir… Stupide et méchante créature, qui ne sentait pas que les armes qu’elle allait aiguiser pouvaient la percer elle-même, et qu’avec un scélérat comme Strozzi… (elle venait de le voir)… le complice avait autant à craindre que la victime, elle ne le vit pas, ou ne l’apperçut que trop tard ; c’est une permission de la providence, que l’aveuglement qui ac-