Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/117

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barbarement trancher mes tristes jours… (et poursuivant avec des larmes), hélas ! j’aurai bien peu vécu sans doute… assez pourtant pour connaître les hommes et pour détester leurs horreurs… Ô ! mon père, mon père, daignez sortir du sein des morts… que mes accens plaintifs puissent ranimer vos cendres, venez protéger encore une fois votre malheureuse Laurence… venez la contempler sur le bord du cercueil, où tous les crimes réunis contre elle, la font descendre au printemps de ses jours… vous l’éleviez, disiez-vous, pour s’asseoir sur un des plus beaux trônes de l’Italie, et vous n’avez fait que la vendre à des bourreaux. — Un moyen s’offre encore, pour vous sauver de l’infortune. — Un moyen, quel est-il ? — Vous ne m’entendez pas, Laurence ? — Ah ! beaucoup trop, seigneur… mais n’espérez rien de l’état où vous me réduisez… non, n’en attendez rien, Strozzi ; je mourrai pure et innocente… digne de toi, mon cher Antonio ; cette idée me console, et j’aime mille fois mieux la mort à ce prix, qu’une vie in-