Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/118

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fâme, qui m’avilirait à tes yeux. — Eh bien, Laurence, il faut me suivre. — Ne pourrais-je pas jouir des derniers adieux de mon époux ?… Pourquoi n’est-ce pas lui qui me donne la mort ? elle serait moins affreuse pour moi, si je la recevais de sa main. — Il n’est plus ici. — Il est parti… sans me voir… sans écoute ma justification… sans me permettre d’embrasser ses genoux !… il est parti me croyant coupable… ô Charles… Charles, vous n’avez plus La possibilité d’un tourment qui puisse déchirer mon cœur avec autant de furie… frappez… frappez, sans crainte, Antonio me méprise… je n’ai plus que la mort à desirer, je la demande, je l’exige… c’est au linceul à recevoir mes larmes, c’est à la tombe à les engloutir ;… (et après un accès de douleur affreux)… seigneur, continua cette infortunée, me sera-t-il permis d’avoir au moins en expirant le portrait d’Antonio sous mes yeux ?… Ce portrait peint par Raphaël, dans des temps plus heureux pour moi… cette image chérie que j’adore, et qui me