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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/119

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rend aussi bien ses traits… pourrai-je fixer mes derniers regards sur elle, et mourir en l’idolâtrant ? — Ni ce portrait, ni la vie ne vous seront enlevés, Laurence, je vous dis qu’il faut me suivre, mais non pas à la mort. — Que ce soit au trépas, plutôt qu’à l’infamie, seigneur ; souvenez-vous que je préfère la mort aux traitemens indignes que vous me destinez, sans doute. Entrez, Camille, dit Charles avec tranquillité, entrez, et conduisez vous-même votre maîtresse dans l’appartement qui lui est destiné, puisque sa défiance de moi, est encore plus affreuse, au moment même où je lui sauve la vie.

Laurence suivit Camille, et ne vit pas sans étonnement le nouveau séjour qu’on lui destinait… Que veut-on faire de moi, s’écrie-t-elle, et pourquoi m’enfermer ? Je suis innocente ou coupable, je ne mérite rien dans le premier cas ; dans le second, je suis un monstre qu’il ne faut pas laisser vivre un instant. Que cette indulgence ne vous étonne, ni ne vous afflige, madame, répondit la duegne ; je