Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/159

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il n’y a pas une seule espèce de crime qu’une méchante femme ne se permette quand il s’agit de venger ses charmes des dédains d’un amant ; cette malheureuse fera retomber jusques sur nous, les traits envenimés de sa rage, et ce seront des cyprès qu’elle nous fera cueillir, Herman, au lieu des roses que tu espères.

Ernestine et celui qu’elle aimait, passèrent le reste du jour à tranquilliser Sanders, à détruire ses craintes, à lui promettre le bonheur, à lui en présenter sans cesse les douces images ; rien n’est persuasif comme l’éloquence des amans, ils ont une logique du cœur que n’égala jamais celle de l’esprit. Herman soupa chez ses tendres amis, et se retira de bonne heure, l’âme enivrée d’espérance et de joie.

Environ trois mois se passèrent ainsi, sans que la veuve s’expliquât davantage, et sans qu’Herman osât prendre sur lui de proposer une séparation ; le colonel faisait entendre au jeune homme que ces délais n’avaient aucun inconvénient ; Ernestine était jeune, et son père n’était