Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/16

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tu cherches, la victoire ne t’est point encore assurée. Qu’importe, dit Rodrigue, elle l’est bien moins, si je ne peux mettre une armée sur pied, et si je suis attaqué sans pouvoir me défendre. Il dit, et dans un clin-d’œil, il se retrouve avec son guide au fond de la tour, dans la même salle où était la statue du Temps.

Je t’abandonne ici, dit le spectre, en disparaissant ; demande à cette statue où est le trésor que tu cherches, elle te l’indiquera. Où faut-il que j’aille, demanda Rodrigue ? Dans le lieu d’où tu es sorti pour le malheur des hommes, répond la statue. — Je ne t’entends point, parle plus clairement. — Il faut que tu ailles dans les enfers. — Ouvre-les, je m’y précipite… La terre tremble et se fend ; Rodrigue est précipité, comme malgré lui, à plus de dix mille toises de la surface du sol. Il se relève, il ouvre les yeux, et se trouve sur les bords d’un lac enflammé, où dans des barques de fer se promènent des créatures effroyables. Veux-tu traverser le fleuve, lui crie un de ces monstres. Le dois-je, demande