Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/17

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Rodrigue ? — Oui, si c’est le trésor que tu cherches ; il est à seize mille lieues d’ici, au-delà des déserts du Ténare. Et où suis-je, demanda le roi ? — Sur les bords du fleuve Agraformikubos, l’un des dix-huit mille de l’Enfer. Passe-moi donc, s’écria Rodrigue… Une voile s’avance, Rodrigue y saute, et cette barque brûlante, sur laquelle il ne peut poser les pieds sans des convulsions de douleurs, le transporte en un instant à l’autre bord ; là, toujours une nuit obscure ; jamais ces affreuses contrées n’avaient reçues les faveurs de l’astre bienfaisant. Rodrigue instruit de la route qu’il doit tenir, par le nocher qui le débarque, s’avance sur des sables brûlans, dans des sentiers bordés de haies toujours enflammées, d’où s’élançaient de temps en temps des animaux épouvantables, et dont on n’a point d’idée sur la terre ; peu-à-peu le terrein se rétrécit, il ne voit plus devant lui qu’une barre de fer qui sert de pont pour gagner à plus de deux-cents pieds de là l’autre partie du terrein, séparée de celle où il était par