Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/175

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et que notre hymen se célèbre dès demain, j’y consens.

Herman saisit promptement ce projet ; il entre chez Sanders avec Ernestine, et se jetant dans les bras du colonel, il le conjure, par tout ce qu’il a de plus cher, de vouloir bien ne plus mettre d’obstacles à son bonheur.

Moins balancé par d’autres sentimens, l’orgueil avait fait sur le cœur de Sanders, bien plus de progrès encore que dans celui d’Ernestine ; le colonel rempli d’honneur et de franchise était bien loin de vouloir manquer aux engagemens qu’il avait pris avec Herman ; mais la protection d’Oxtiern l’éblouissait. Il s’était fort bien apperçu du triomphe de sa fille sur l’âme du sénateur ; ses amis lui avaient fait entendre que si cette passion avait les suites légitimes qu’il en devait espérer, sa fortune en deviendrait le prix infaillible. Tout cela l’avait tracassé pendant la nuit, il avait bâti des projets, il s’était livré à l’ambition ; le moment, en un mot, était mal choisi, Herman n’en pouvait prendre un plus