Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/176

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mauvais ; Sanders se garda pourtant bien de refuser ce jeune homme, de tels procédés étaient loin de son cœur ; ne pouvait-il pas d’ailleurs avoir bâti sur le sable ? Qui lui garantissait la réalité des chimères dont il venait de se nourrir ? il se rejeta donc sur ce qu’il avait coutume d’alléguer… la jeunesse de sa fille, la succession attendue de la tante Plorman, la crainte d’attirer contre Ernestine et lui, toute la vengeance de la Scholtz, qui maintenant étayée par le sénateur Oxtiern, n’en deviendrait que plus à redouter. Le moment où le comte était dans la ville était-il d’ailleurs celui qu’il fallait choisir ? Il semblait inutile de se donner en spectacle, et si vraiment la Scholtz devait s’irriter de ce parti, l’instant où elle se trouvait soutenue des faveurs du comte serait assurément celui où elle pourrait être la plus dangereuse. Ernestine fut plus pressante que jamais, son cœur lui faisait quelques reproches de la conduite de la veille, elle était bien aise de prouver à son ami, que le réfroidissement n’entrait pour rien dans