Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/57

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tournant ses beaux yeux remplis de larmes sur ceux de l’objet de sa flamme, douteriez-vous d’un cœur qui doit vous appartenir à jamais ?… Que ne me conduisez-vous sur vos traces, perpétuellement sous vos regards, ou combattant à vos côtés, en vous prouvant si je suis digne de vous, j’allumerais bien mieux ce flambeau de la gloire qui va guider vos pas : ah ! ne nous quittons point, Antonio, j’ose vous en conjurer ; le bonheur ne peut exister pour moi qu’où vous êtes.

Antonio tombant aux pieds de sa maîtresse, ose mouiller de ses pleurs les belles mains qu’il couvre de baisers ; non, dit-il à Laurence, non, ma chère âme, restez près de mon père ; mes devoirs, votre âge, tout l’exige… il le faut ; mais aimez-moi, Laurence, jurez-moi, comme si nous étions déjà aux pieds des autels, cette fidélité qui doit me rendre heureux, et mon cœur plus tranquille, n’écoutant plus que ses devoirs, me fera voler où sa voix m’appelle avec un peu moins de douleur. — Eh ! quels sermens