Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/58

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faut-il que je vous fasse, ne les lisez-vous pas tous dans cette âme, qui n’est enflammée que pour vous ?… Antonio, si une seule pensée étrangère pouvait l’occuper un instant, bannissez-moi pour jamais de vos yeux, et que jamais Laurence ne soit l’épouse d’Antonio. — Ces discours flatteurs me rassurent, j’y crois, Laurence, et pars moins agité. — Allez, Strozzi, allez combattre, allez, puisqu’il le faut, chercher d’autres douceurs que celles que ma tendresse vous prépare ; mais croyez que toutes les jouissances de la gloire qui vont enivrer votre cœur, ne le flatteront jamais autant que le mien l’est, par l’espérance d’être bientôt digne de vous ; et s’il est vrai que vous m’aimiez, Antonio, n’affrontez pas des dangers inutiles ; songez que ce sont mes jours que vous allez exposer dans les combats, et qu’après le malheur de vous avoir perdu, je n’existerais pas un instant. — Eh bien ! je le ménagerai ce sang qui doit brûler pour vous ; enflammé par l’amour et la gloire, je renoncerais plutôt à celle-ci, que je n’im-