Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/61

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rence, ne songe plus qu’à troubler le bonheur du malheureux qu’il a mis au jour. L’horreur de ce projet inquiète peu Strozzi ; ce n’est pas avec son âme qu’on peut être effrayé du crime ; cependant il se déguise ; la ruse est l’art du scélérat, elle est le moyen de tous ses forfaits. Les premiers soins de Charles sont de consoler Laurence ; cette innocente fille témoigne de la gratitude à des bontés qu’elle croit sincères, et loin du motif qui les inspire, elle ne songe qu’à en rendre grâces. Strozzi voit bien que ce n’est pas à son âge qu’il détruira dans cette jeune fille les sentimens qu’a fait naître son fils ; il révoltera s’il parle d’amour ; il faut donc user de finesse. La première idée qui s’offre à l’esprit de Charles, est d’employer avec cette belle personne une partie des séductions dont il a fait usage avec son fils, quand il a voulu le détourner de la gloire : des fêtes se donnent journellement dans son palais ; Charles a soin d’y réunir tout ce que la jeunesse de Florence peut offrir de plus délicieux ; elle ne peut m’aimer, se