Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/63

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gination, amusèrent Laurence… Bien éloignée de prendre garde à ses autres charmes, et c’était à lui qu’elle devait les premiers ris qu’on eût vu sur ses lèvres depuis l’absence d’Antonio.

Urbain reçoit aussi-tôt l’ordre de Charles de voler au-devant des desirs de Laurence… Plais-lui, fais-lui ta cour… va plus loin, dit le perfide Strozzi, ta fortune est faite, si tu peux l’enflammer… Écoute-moi, mon cher Urbain, je vais t’ouvrir mon cœur ; quoique jeune, je connais ta discrétion, et tu dois savoir combien je t’aime ; il s’agit de me servir ; le mariage qu’on m’a proposé pour Antonio me déplaît, il n’y a d’autres façons de le rompre que de lui enlever le cœur de Laurence ; fais réussir ce projet, fais-toi chérir de la maîtresse de mon fils, et je te rends un des plus grands seigneurs de Toscane ; ta naissance est élevée, tu peux, comme mon fils, prétendre à la main de Laurence… séduis-là, tu l’épouses, mais que sa défaite soit constatée ; pourrai-je té la donner sans cela ?… il faut qu’elle