Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/194

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— Tu emploieras la violence… j’aurai soin d’écarter tout le monde… Effraye-la, menace-la, qu’importe ?… je regarderai comme autant de services signalés de ta part, tous les moyens de ton triomphe. Écoute, dit alors Valmont, je consens à ce que tu me proposes, je te donne ma parole que ta femme cédera ; mais j’exige une condition, rien de fait si tu la refuses ; la jalousie ne doit entrer pour rien dans nos arrangemens ; tu le sais ; j’exige donc que tu me laisses passer un seul quart-d’heure avec Eugénie… tu n’imagines pas comme je me conduirai quand j’aurai joui du plaisir d’entretenir un moment ta fille… — Mais, Valmont. — Je conçois tes craintes ; mais si tu me crois ton ami, je ne te les pardonne pas, je n’aspire qu’aux charmes de voir Eugénie seule et de l’entretenir une minute. Valmont, dit Franval un peu étonné, tu mets à tes services un prix beaucoup trop cher ; je connais, comme toi, tous les ridicules de la jalousie, mais j’idolâtre celle dont tu me parles, et je céderais plutôt ma fortune