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ACTE SECOND.

Oxtiern.

Je ne les ai jamais vu résister à la puissance de l’or.

Derbac.

Et cet organe intérieur, où toujours la vertu sut réclamer ses droits… Ta conscience enfin ?

Oxtiern.

Tranquille… parfaitement calme.

Derbac.

Mais la cour, mon cher Comte, cette cour dont tu fais à la fois l’ornement et les délices… Si l’on venait à y apprendre le désordre de ta conduite ?

Oxtiern.

C’est tout ce que je crains de cette fille en fureur ; elle m’a menacée, voilà pourquoi je dois m’en assurer. Souviens-toi de donner des ordres pour que tout soit prêt demain à la pointe du jour ; je veux m’éloigner de Stokolm le plutôt possible. Fabrice devient vertueux, et nous sommes encore trop près de la capitale, pour que je n’aie pas à redouter les remords d’un pareil coquin ; je ne connais rien de plus terrible, de plus humiliant, que l’obligation de ménager ces droles-là quand on en a besoin. C’est le devoir du crime ; mais ventrebleu, mon ami, c’est le supplice de l’orgueil ; pour convertir Fabrice, je lui ai lancé mon valet de chambre ; qui le croirait ? Casimir n’est pas aussi ferme que je l’aurais cru ; tu n’as pas d’idée, mon ami, de l’effet

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