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OXTIERN,

Ernestine.

De l’amour… Vous ? Oh dieu ! si c’est là ce que l’amour inspire, que jamais mon cœur n’éprouve un mouvement si capable de dégrader l’homme !… Non, Monsieur, ce n’est point là de l’amour ; ce n’est point là le sentiment consolateur, principe de toutes les bonnes actions… ; pourroit-il conseiller des crimes ?

Oxtiern.

Mon égarement fut affreux, j’en conviens ; mais je vous adorais, et j’avais un rival.

Ernestine, fermement.

Monstre, qu’en as-tu fait de ce rival ?

Oxtiern.

Je n’ai point disposé de son sort.

Ernestine, fermement.

Toi seul me l’as ravi, toi seul dois me le rendre.

Oxtiern.

Ma main ne vous en priva point, Ernestine ; les loix prononcèrent, Herman, est enchaîné par elles, je ne puis qu’employer mon crédit pour adoucir la rigueur de ses fers.

Ernestine.

Eh ! c’est toi qui les a forgés ! comment puis-je m’aveugler au point d’oser t’implorer pour les rompre…