Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/101

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impossible que nous n’y fussions pas, cette certitude sans-doute anéantit comme on le voit tout d’un coup la première partie de ces devoirs, je veux dire ceux dont nous nous croyons faussement responsables envers la divinité ; avec eux disparoissent tous les délits religieux, tous ceux connus sous les noms vagues et indéfinis d’impiété, de sacrilège de blasphême, d’athéïsme etc. tous ceux en un mot qu’Athènes punit avec tant d’injustice dans Alcibiade, et la France dans l’infortuné Labarre. S’il y a quelque chose d’extravagant dans le monde, c’est de voir des hommes qui ne connoissent leur Dieu et ce que peut exiger ce Dieu, que d’après leurs idées bornées ; vouloir néanmoins décider sur la nature de ce qui contente ou de ce qui fâche ce ridicule fantôme de leur imagination, ce ne seroit donc point à permettre indifféremment tous les cultes que je voudrois qu’on se bornât, je desirerois qu’il fût libre de se rire et de se moquer de tous, que des hommes réunis dans un temple quelconque pour invoquer l’éternel à leur guise, fussent vus comme des comédiens sur un théatre ; au jeu desquels il est permis à chacun d’aller rire ; si vous ne voyez pas les religions sous