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impossible de les admettre ; parce que, lorsqu’on veut édifier des principes, il faut bien se garder de leur donner des sophismes pour bases. Elle nous dit, cette absurde morale, d’aimer notre prochain comme nous-même ; rien ne seroit assurément plus sublime, s’il étoit possible que ce qui est faux, pût jamais porter les caractères de la beauté ; il ne s’agit pas d’aimer ses semblables comme soi-même, puisque cela est contre toutes les loix de la nature, et que son seul organe doit diriger toutes les actions de notre vie ; il n’est question que d’aimer nos semblables comme des frères, comme des amis que le nature nous donne, et avec lesquels nous devons vivre d’autant mieux dans un état républicain, que la disparution des distances doit nécessairement resserrer les liens.

Que l’humanité, la fraternité, la bienfaisance cous prescrivent d’après cela nos devoirs réciproques, et remplissons-les individuellement dans le simple degré d’énergie que nous a sur ce point donné la nature, sans blâmer et surtout sans punir ceux qui, plus froids on plus attrabilaires, n’éprouvent pas dans ces liens néanmoins si touchans toutes les douceurs que d’autres y rencontrent ; car on en conviendra,