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imposez sur ces objets de la luxure publique, les ridicules entraves jadis inventées par la tyrannie ministérielle et par la lubricité de nos sardanapales[1]. L’homme, bientôt aigri contre votre gouvernement, bientôt jaloux du despotisme qu’il vous voit exercer tout seul, secouera le joug que vous lui imposez, et las de votre manière de le régir, en changera comme il vient de le faire. Voyez comme les législateurs Grecs, bien pénétrés de ces idées, traitoient la débauche à Lacédémone, à Athènes, ils en enivroient le citoyen, bien loin de la lui interdire ; aucun genre de lubricité ne lui étoit défendu, et Socrate, déclaré par l’oracle le plus sage des philosophes de la terre, passait indifféremment des bras d’Aspasie dans ceux d’Alcibiade, n’en étoit pas moins la gloire de la Grèce. Je vais

  1. On sait que l’infâme et scélérat Sartine composoit à Louis XV des moyens de luxure, en lui faisant lire trois fois la semaine, par la Dubaril, le détail privé et enrichi par elle de tout ce qui se passoit dans les mauvais lieux de Paris : cette branche de libertinage du Néron français coûtoit trois millions à l’état.