Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/134

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se prostituoit, plus elle étoit honorée ; elle portoit publiquement au col les marques de son impudicité, et l’on n’estimait point celles qui n’en étoient point décorées ; au Pégu, les familles elles-mêmes livrent leurs femmes ou leurs filles aux étrangers qui y voyagent ; ou les loue à tant par jour comme des chevaux et des voitures ; des volumes enfin ne suffiroient pas à démontrer que jamais la luxure ne fut considérée comme criminelle chez aucun des peuples sages de la terre, tous les philosophes savent bien que ce n’est qu’aux imposteurs chrétiens que nous devons de l’avoir érigé en crime ; les prêtres avoient bien leur motif, en nous interdisant la luxure ; cette recommandation en leur réservant la connoissance et l’absolution de ces péchés secrets, leur donnoit un incroyable empire sur les femmes, et leur ouvroit une carrière de lubricité dont l’étendue n’avoir point de bornes. On sait comme ils en profitèrent, et comme ils en abuse-

    sent tous nuds avant de s’épouser ; que de mariages manqueroient si cette loi s’exécutoit ; on avouera que le contraire est bien ce qu’on appelle acheter de la marchandise sans la voir.