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roient encore si leur crédit n’étoit pas perdu sans ressource.

L’inceste est-il plus dangereux ? non, sans doute, il étend les liens des familles, et rend par conséquent plus actif l’amour des citoyens pour la patrie, il nous est dicté par les premières loix de la nature, nous l’éprouvons, et la jouissance des objets qui nous appartiennent, cous sembla toujours plus délicieuse ; les premières institutions favorisent l’inceste ; on le trouve dans l’origine des sociétés ; il est consacré dans toutes les religions ; toutes les loix l’ont favorisé ; si nous parcourons l’univers, nous trouverons l’inceste établi par-tout ; les nègres de la côte de poivre et de riogabon prostituent leurs femmes à leurs propres enfans ; l’aîné des fils au royaume Juida doit épouser la femme de son père ; les peuples du Chilli couchent indifféremment avec leurs sœurs, leurs filles, et épousent souvent à-la-fois et la mère et la fille ; j’ose assurer en un mot que l’inceste devroit être la loi de tout gouvernement dont la fraternité fait la base ; comment des hommes raisonnables purent-ils porter l’absurdité au point de croire que la jouissance de sa mère, de sa sœur, ou de sa fille pourroit jamais devenir criminelle,