que les hommes ont de vivre ensemble dans les
républiques, y rendra toujours ce vice plus fréquent,
mais il n’est certainement pas dangereux.
Les législateurs de la Grèce l’auroient-ils
introduit dans leur république, s’ils l’avoient
cru tel ; bien loin de là, ils le croyoient nécessaire
à un peuple guerrier. Plutarque nous parle
avec enthousiasme du bataillon des amans et des
aimés, eux seuls défendirent long-tems la liberté
de la Grèce. Ce vice régna dans l’association
des frères d’armes, il la cimenta, les plus
grands hommes y furent enclins. L’Amérique
entière, lorsqu’on la découvrit, se trouva peuplée
de gens de ce goût ; à la Louisiane, chez
les Illinois, des indiens vêtus en femmes se
prostituoient comme des courtisannes ; les Nègres
de Bengale entretiennent publiquement des
hommes, presque tous les serrails d’Alger ne
sont plus aujourd’hui peuplés que de jeunes garçons.
On ne se contentoit pas de tolérer, on
ordonnoit à Thèbes l’amour des garçons ; le
philosophe de Chéronée le prescrivit pour adoucir
les mœurs des jeunes gens ; nous savons à
quel point il régna dans Rome ; on y trouvoit
des lieux publics où de jeunes garçons se prostituoient
sous l’habit de filles, et de jeunes filles
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