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pas temps de revenir sur des erreurs si barbares ?

Enfin, le meurtre est-il un crime contre la société ? qui put jamais l’imaginer raisonnablement ? Ah ! qu’importe à cette nombreuse société qu’il y ait parmi elle un membre de plus ou de moins ? Ses loix, ses mœurs, ses coutumes en seront-elles viciées ? jamais la mort d’un individu influa-t-elle sur la masse générale ? et après la perte de la plus grande bataille, que dis-je, après l’extinction de la moitié du monde, de sa totalité, si l’on veut, le petit nombre d’êtres qui pourroit survivre éprouveroit-il la moindre altération matérielle ? Hélas ! non. La nature entière n’en éprouveroit pas davantage, et le sot orgueil de l’homme qui croit que tout est fait pour lui, seroit bien étonné après la destruction totale de l’espèce humaine, s’il voyoit que rien ne varie dans la nature, et que le cours des astres n’en est seulement pas retardé. Poursuivons.

Comment le meurtre doit-il être vu dans un état guerrier et républicain ?

Il seroit assurément du plus grand danger, ou de jeter de la défaveur sur cette action, ou de la punir, la fierté du républicain demande un peu de férocité ; s’il s’amollit, son énergie se perd, il sera bientôt subjugué. Une très-singu-