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les assassinats publics, ils sont entièrement permis à Gênes, à Venise, à Naples, et dans toute l’Albanie ; à Kachao, sur la rivière de San Domingo, les meurtriers, sous un costume connu et avoué, égorgent à vos ordres et sous vos yeux l’individu que vous leur indiquez ; les Indiens prennent de l’opium pour s’encourager au meurtre ; se précipitant ensuite au milieu des rues, ils massacrent tout ce qu’ils rencontrent ; des voyageurs anglais ont retrouvé cette manie à Batavia. Quel peuple fut à la fois plus grand et plus cruel que les Romains, et quelle nation conserva plus long-tems sa splendeur et sa liberté ? Le spectacle des Gladiateurs soutint son courage, elle devenoit guerrière par l’habitude de se faire un jeu du meurtre, douze ou quinze cents victimes journalières remplissoient l’arène du cirque, et là les femmes, plus cruelles que les hommes, osoient exiger que les mourans tombassent avec grace et se dessinassent encore sous les convulsions de la mort. Les Romains passèrent de là aux plaisirs de voir des nains s’égorger devant eux ; et quand le culte chrétien, en infectant la terre, vint persuader aux hommes qu’il y avoit du mal à se tuer, des tyrans aussi-tôt enchaînèrent ce peuple, et les héros du monde

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