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l’accueillent davantage. À Mindanao, celui qui veut commettre un meurtre est élevé au rang des braves, on le décore aussi-tôt d’un turban ; chez les Caraguos, il faut avoir tué sept hommes pour obtenir, les honneurs de cette coëffure ; les habitans de Bornéo croient que tous ceux qu’ils mettent à mort les serviront quand ils ne seront plus ; les dévots Espagnols même faisoient vœu à Saint-Jacques de Galice de tuer douze Américains par jour ; dans le royaume de Tangut, on choisit un jeune homme fort et vigoureux, auquel il est permis, dans certains jours de l’année, de tuer tout ce qu’il rencontre. Étoit-il un peuple plus ami du meurtre que les Juifs ? On le voit sous toutes les formes, à toutes les pages de leur histoire. L’empereur et les mandarins de la Chine prennent de tems en tems des mesures pour faire révolter le peuple, afin d’obtenir de ses manœuvres le droit d’en faire un horrible carnage ; que ce peuple mou et efféminé s’affranchisse du joug de ses tyrans, il les assommera à son tour avec beaucoup plus de raison, et le meurtre, toujours adopté, toujours nécessaire, n’aura fait que changer de victimes ; il étoit le bonheur des uns, il deviendra la félicité des autres ; une infinité de nations tolèrent