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multiplier trop un peuple dont chaque être est souverain, et soyez bien sûrs que les révolutions ne sont jamais les effets que d’une population trop nombreuse. Si, pour la splendeur de l’état, vous accordez à vos guerriers le droit de détruire des hommes, pour la conservation de ce même état, accordez de même à chaque individu de se livrer tant qu’il le voudra, puisqu’il le peut sans outrager la nature, au droit de se défaire des enfans qu’il ne peut nourrir, ou desquels le gouvernement ne peut tirer aucun secours ; accordez-lui de même de se défaire, à ses risques et périls, de tous les ennemis qui peuvent lui nuire, parce que le résultat de toutes ces actions, absolument nulles en elles mêmes, sera de tenir votre population dans un état modéré, et jamais assez nombreux pour bouleverser votre gouvernement ; laissez dire aux monarchistes qu’un état n’est grand qu’en raison de son extrême population, cet état sera toujours pauvre si sa population excède ses moyens de vivre, et il sera toujours florissant, si, contenu dans de justes bornes, il peut trafiquer de son superflu ; n’élaguez-vous pas l’arbre quand il a trop de branches ? et pour conserver le tronc, ne taillez-vous pas les rameaux ? Tout systême qui s’écarte de ces principes, est