pas vouloir rester dans une fievre brûlante qui
nous absorbe et qui nous dévore, sans nous
laisser d’autre bonheur que des jouissances métaphysique,
si ressemblantes aux effets de la
folie : si nous devions toujours l’aimer cet
objet adorable, s’il étoit certain que nous ne
dussions jamais l’abandonner, ce seroit encore
une extravagance, sans doute, mais excusable
au moins : cela arrive-t-il ? a-t-on beaucoup
d’exemples de ces liaisons éternelles qui ne
se sont jamais démenties ? Quelques mois de
jouissance remettant bientôt l’objet à sa véritable
place, nous font rougir de l’encens que
nous avons brûlé sur ses autels, et nous arrivons
souvent à ne pas même concevoir qu’il
ait pu nous séduire à ce point. Ô filles voluptueuses,
livrez-nous donc vos corps tant que
vous le pourrez : foutez, divertissez-vous, voilà
l’essentiel : mais fuyez avec soin l’amour, il
n’y a de bon que son physique, disoit le naturaliste
Buffon, et ce n’étoit pas sur cela seul
qu’il raisonnoit en bon philosophe, je le répète,
amusez-vous : mais n’aimez point, ne vous embrassez
pas d’avantage de l’être : ce n’est pas
de s’exténuer en lamentations, en soupirs, en
œillades, en billets doux qu’il faut, c’est de
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