dans leur nombre qu’est entièrement comprise
cette caste si justement méprisée de royalistes et
d’aristocrates. Que l’esclave d’un brigand couronné
fléchisse s’il le veut aux pieds d’un idole
de pâte, un tel objet est fait pour son ame de
boue, qui peut servir des rois doit adorer des
dieux : mais nous, Français, mais nous mes
compatriotes, nous ramper encore humblement
sous des freins aussi méprisables, plutôt mourir
mille fois que de nous y asservir de nouveau ;
puisque nous croyons un culte nécessaire, imitons
celui des romains ; les actions, les
passions, les héros, voilà quels en étoient
les respectables objets ; de telles idoles élevoient
l’ame, elles l’électrisoient, elles faisoient
plus, elles lui communiquoient les vertus de
l’être respecté ; l’adorateur de Minerve vouloit
être prudent. Le courage étoit dans le cœur de
celui qu’on voyoit aux pieds de Mars, pas un
seul dieu de ces grands hommes n’étoient privé
d’énergie, tous faisoient passer le feu dont ils
étoient eux-mêmes embrâsés dans l’ame de celui
qui les vénéroit, et comme on avoit l’espoir
d’être adoré soi-même un jour, on aspiroit à
devenir au moins aussi grand que celui qu’on
prenoit pour modèle. Mais que trouvons-nous
Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/82
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76