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que le citoyen d’un état libre se conduise comme l’esclave d’un roi despote, ces différences de leurs intérêts, de leurs devoirs, de leurs relations entr’eux, déterminent essentiellement une manière toute autre de se comporter dans le monde ; une foule de petites erreurs de petits délits sociaux considérés comme très-essentiels sous le gouvernement des rois, qui devoient exiger d’autant plus, qu’ils avoient plus besoin d’imposer des freins pour se rendre respectables ou inabordables à leurs sujets, vont devenir nuls ici ; d’autres forfaits connus sous les noms de régicide et de sacrilège, sous un gouvernement qui ne connoît plus ni rois ni religion, doivent s’anéantir de même dans un état républicain. En accordant la liberté de conscience et celle de la presse, songez citoyens, qu’à bien peu de chose près, on doit accorder celle d’agir, et qu’excepté ce qui choque directement les bases du gouvernement, il vous reste on ne sauroit moins de crimes à punir, parceque dans le fait, il est fort peu d’actions criminelles dans une société dont la liberté et l’égalité ſont les bases, et qu’à bien peser et bien examiner les choses, il n’y a vraiment de criminel que ce que