en nous arrachant la vie, l’adultère, Eugénie,
n’est donc que l’acquit d’un droit à la
nature, auquel les fantaisies de ces tyrans
ne sauraient jamais nous soustraire. Mais
n’est-il pas horrible, disent nos époux, de
nous exposer à chérir comme nos enfans, à
embrasser, comme tels, les fruits de vos
désordres ? c’est l’objection de Rousseau,
c’est, j’en conviens, la seule un peu spécieuse
dont on puisse combattre l’adultère ;
eh ! n’est-il pas extrêmement aisé de se livrer
au libertinage sans redouter la grossesse ?
n’est-il pas encore plus facile de la détruire,
si par imprudence elle a lieu ? mais, comme
nous reviendrons sur cet objet, ne traitons
maintenant que le fond de la question, nous
verrons que l’argument, tout spécieux qu’il
paraît d’abord, n’est cependant que chimérique.
Premièrement, tant que je couche avec mon mari, tant que sa semence coule au fond de ma matrice, verrais-je dix hommes en même-temps que lui, rien ne pourra jamais lui prouver que l’enfant qui naîtra