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fautes sont personnelles, ce prétendu déshonneur était bon il y a un siècle, on est revenu de cette chimère aujourd’hui, et mon mari n’est pas plus flétri de mes débauches, que je ne saurais l’être des siennes ; je foutrais avec toute la terre, sans lui faire une égratignure ; cette prétendue lésion n’est donc qu’une fable dont l’existence est impossible : de deux choses l’une ; ou mon mari est un brutal, un jaloux, ou c’est un homme délicat ; dans la première hypothèse, ce que je puis faire de mieux est de me venger de sa conduite ; dans la seconde, je ne saurais l’affliger ; puisque je goûte des plaisirs, il en sera heureux s’il est honnête ; il n’y a point d’homme délicat qui ne jouisse au spectacle du bonheur de la personne qu’il adore. Mais si vous l’aimiez, voudriez-vous qu’il en fît autant ? Ah ! malheur à la femme qui s’avisera d’être jalouse de son mari, qu’elle se contente de ce qu’il lui donne si elle l’aime ; mais qu’elle n’essaye pas de le contraindre, non-seulement elle n’y réussirait pas, mais elle s’en ferait bientôt détester. Si