Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/103

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taine et Chef de la police, de nous le permettre, ce qu’il fit, apres auoir assemblé le Conseil des plus notables, et ouy leur aduis : et apres qu’ils se furent efforcez de nous dissuader ce dessein, nous persuadans de prendre plustost logement en leurs Cabanes pour y estre mieux traitez. Nous obtinsmes ce que nous desirions, leur ayans faict entendre qu’il estoit ainsi necessaire pour leur bien ; car estans venus de si loing pays pour leur faire entendre ce qui concernoit le salut de leurs 95|| ames, et le bien de la felicité eternelle, auec la cognoissance d’vn vray Dieu, par la predication de l’Euangile, il n’estoit pas possible d’estre assez illuminez du Ciel, pour les instruire parmy le tracas de la mesnagerie de leurs Cabanes, ioint que desirans leur conserver l’amitié des François qui traictoient auec eux, nous aurions plus de credit à les conseruer ainsi à part, que non pas quand nous serions cabanez parmy eux. De sorte que s’estans laissez persuader par ces discours et autres semblables, ils nous dirent que nous fissions cesser les pluyes (qui pour lors estoient fort grandes et importunes) en priant ce grand Dieu, que nous appelions Pere, et nous disions ses seruiteurs, afin qu’il les fist cesser, pour pouuoir nous accommoder la Cabane que nous desirions : si bien que Dieu fauorisant nos prieres (apres auoir passé la nuict suyvante à le solliciter de ses promesses) il nous exauça, et les fit cesser si parfaictement, que nous eusmes vn temps fort serain ; dequoy ils furent si estonnez et rauis, qu’ils le publierent pour miracle, dont nous rendismes graces à Dieu. Et ce qui les confirma dauantage, ce fut qu’apres auoir 96|| employé quelques iours à ce pieux