Aller au contenu

Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 66 —

trauail, et après l’auoir mis à sa perfection, les pluyes recommencerent : de sorte qu’ils publierent par tout la grandeur de nostre Dieu.
Ie ne puis obmettre vn gentil debat qui arriua entr’eux, à raison de nostre bastiment, d’vn ieune garçon lequel n’y travaillant pas de bonne volonté, se plaignoit aux autres de la peine et du soin qu’ils se donnoient, de bastir vne Cabane à des gens qui ne leur estoient point parens, et eust volontiers desiré qu’on eust delaissé la chose imparfaite, et nous en peine de loger auec eux dans leurs Cabanes, ou d’estre exposez à l’iniure de l’air, et incommodité du temps : mais les autres Sauuages portez de meilleure volonté, ne luy voulurent point acquiescer, et le reprirent de sa paresse, et du peu d’amitié qu’il tesmoignoit à des personnes si recommandables, qu’ils deuoient cherir comme parents et amys, bien qu’estrangers, puis qu’ils n’estoient venus que pour leur propre bien et profit. Ces bons Sauuages ont cette louable coustume entr’eux, que quand quelques-vns de leurs Concitoyens n’ont point de 97 || Cabane à se loger, tous vnanimement prestent la main, et luy en font vne, et ne l’abandonnent point que la chose ne soit mise en la perfection, ou du moins que celuy ou ceux pour qui elle est destinée, ne la puissent aysement paracheuer : et pour obliger vn chacun à vn si pieux et charitable office, quand il est question d’y trauailler, la chose se decide tousiours en plein conseil, puis le cry s’en faict tous les iours par le Bourg, afin qu’vn chacun s’y trouue à l’heure ordonnée, ce qui est vn tres-bel ordre, et fort admirable pour des personnes