Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/110

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qu’ils savent dextrement darder : ils se cabanent, et là se consolent, et iouïssent du fruict de leur trauail, et sans ces raquettes ils ne pourroient courir l’Eslan ny le Cerf, et par consequent il faudrait qu’ils mourussent de faim en temps d’hyuer. Pendant le iour nous estions continuellement visitez d’vn bon nombre de Sau105||uages, et à diuerses intentions ; car les vns y venoient pour l’amitié qu’ils nous portoient, et pour s’instruire et entretenir de discours auec nous : d’autres pour voir s’ils nous pourroient rien desrober, ce qui arriuoit assez souuent, iusqu’à prendre de nos cousteaux, cueilliers, escuelles d’escorce ou de bois, et autres choses qui nous faisoient besoin : et d’autres plus charitables nous apportoient de petis presens, comme du bled d’Inde, des Citrouilles, des Fezolles, et quelquesfois des petits Poissons boucanez, et en recompense nous leur donnions aussi d’autres petits presens, comme quelques aleines, fer à flesches, ou vn peu de rassade à pendre à leur col, ou à leurs oreilles ; et comme ils sont pauures en meubles, empruntants quelqu’vn de nos chaudrons, ils nous le rendoient tousiours auec quelque reste de Sagamité dedans, et quand il arrivoit de faire festin pour un deffunct, plusieurs de ceux qui nous aymoient nous en enuoyoient, comme ils faisoient au reste de leurs parens et amys, selon leur coustume. Ils nous venoient aussi souuent prier de festin ; mais nous n’y allions que le plus rarement qu’il nous estoit possible, 106|| pour ne nous obliger à leur en rendre, et pour plusieurs autres bonnes raisons.

Quand quelque particulier Sauuage de nos amys venoit nous visiter, entrant chez-nous, la salutation