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bane, pour n’employer tout nostre temps à cette occupation.

En vne Cabane il y a plusieurs feux, et à chaque feu il y a deux mesnages, l’vn d’vn costé, l’autre de l’autre, et telle Cabane aura iusqu’à huict, dix ou douze feux, qui font 24. mesnages, et les autres moins, selon qu’elles sont longues ou petites, et où il fume à bon escient, qui faict que plusieurs en reçoiuent de tres-grandes incommoditez aux yeux, n’y ayant fenestre ny ouuerture, que celle qui est au dessus de leur Cabane, par où la fumée sort. Aux deux bouts il y a à chacun vn porche, et ces porches leur seruent principalement à mettre leurs grandes cuues ou tonnes d’escorce, dans quoy ils serrent leur bled d’Inde, apres qu’il est bien sec et esgrené. Au milieu de leur logement il y a deux grosses perches suspendues qu’ils appellent Ouaronta, où ils pen-121||dent leur cramaliere, et mettent leurs habits, viures et autres choses, depeur des souris, et pour tenir les choses seichement : Mais pour le poisson duquel ils font prouision pour leur hiuer, apres qu’il est boucané, ils le serrent en des tonneaux d’escorce, qu’ils appellent Acha, excepté Leinchataon, qui est vn poisson qu’ils n’esuentrent point, et lequel ils pendent au haut de leur Cabane auec des cordelettes, pource qu’enfermé en quelque tonneau il sentiroit trop mauuais, et se pourriroit incontinent.

Crainte du feu, auquel ils sont assez suiets, ils serrent souuent en des tonneaux ce qu’ils ont de plus précieux, et les enterrent en des fosses profondes qu’ils font dans leurs Cabanes, puis les couurent de la mesme terre, et cela les conserue non seulement