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poisson, s’il y en a, puis le ||140 mangent. Ils font de mesme du bled qui n’est point pilé ; mais il est fort dur à cuire.

Pour la Sagamité ordinaire, qu’ils appellent Ottet, c’est du Maiz cru, mis en farine, sans en séparer ny la fleur ny les pois, qu’ils font boüillir assez clair, auec vn peu de viande ou poisson, s’ils en ont, et y meslent aussi par-fois des citroüilles découpées par morceaux, s’il en est la saison, et assez souuent rien du tout : de peur que la farine ne se tienne au fond du pot, ils la remuent souuent auec l’Estoqua, puis la mangent ; c’est le potage, la viande et le mets quotidien, et n’y a plus rien à attendre pour le repas ; car lors mesmes qu’ils ont quelque peu de viande ou poisson à départir entr’eux (ce qui arriue rarement, excepté au temps de la chasse ou de la pesche) il est partagé, et mangé le premier, auparauant le potage ou Sagamité.

Pour Leindohy ou bled puant, ce sont grande quantité d’espics de bled, non encore du tout sec et meur, pour estre plus susceptible, à prendre odeur, que les femmes mettent en quelque mare ou eau puante, par l’espace de deux ou trois mois, au bout desquels elles les en retirent, et ||141 cela sert à faire des festins de grande importance, cuit comme la Neintahouy, et aussi en mangent de grillé sous les cendres chaudes, lechans leurs doigts au maniement de ces espics puants, de mesme que si c’estoient cannes de sucre, quoy que le goust et l’odeur en soit tres-puante, et infecte plus que ne font les esgouts mesmes, et ce bled ainsi pourry n’estoit point ma viande, quelque estime qu’ils en fissent, ny ne le maniois