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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/152

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qu’elle estoit sa cousine, et qu’ils n’auoient pas accoustumé de dormir auec leurs cousines ; hors cela toutes choses sont permises. De douaire il ne s’en parle point, aussi quand il arriue quelque diuorce, le mary n’est tenu de rien.

Pour la vertu et les richesses principales que les pere et mere desirent de celui qui recherche leur fille en mariage, est, non seulement qu’il ait vn bel entre gent, et soit bien matachié et enjoliué ; mais il faut outre cela, qu’il se monstre vaillant à la chasse, à la guerre et à la pesche, et qu’il ||164 sçache faire quelque chose, comme l’exemple suyuant le monstre.

Vn Sauuage faisoit l’amour à vne fille, laquelle ne pouuant auoir du gré et consentement du pere, il la rauit, et la prit pour femme. Là dessus grande querelle, et enfin la fille luy est enleuée, et retourne auec son pere : et la raison pourquoy le pere ne vouloit que ce Sauuage eust sa fille, estoit, qu’il ne la vouloit point bailler à vn homme qui n’eust quelque industrie pour la nourrir, et les enfans qui prouiendroient de ce mariage. Que quant à luy il ne voyoit point qu’il sceust rien faire, qu’il s’amusoit à la cuisine des François, et ne s’exerçoit point à chasser : le garçon pour donner preuue de ce qu’il sçauoit par effect, ne pouuant autrement r’auoir la fille, va à la chasse (du poisson) et en prend quantité, et apres cette vaillantise, la fille luy est rendue, et la reconduit en sa Cabane, et firent bon mesnage par ensemble, comme ils auoient faict par le passé.

Que si par succession de temps il leur prend enuie de se separer pour quelque suiet que ce soit, ou qu’ils n’ayent point d’enfans, ils se quittent librement, le