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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/163

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179||De la forme, couleur et stature des Sauuages, et comme ils ne
portent point de barbe.

Chapitre XIV.


T ovtes les Nations et les peuples Americains que nous auons veus en nostre voyage, sont tous de couleur bazanée (excepté les dents qu’ils ont merueilleusement blanches) non qu’ils naissent tels : car ils sont de mesme nature que nous ; mais c’est à cause de la nudité, de l’ardeur du soleil qui leur donne à nud sur le dos, et qu’ils s’engraissent et oignent assez souuent le corps d’huile ou de graisse, auec des peintures de diuerses couleurs qu’ils y appliquent et meslent, pour sembler plus beaux.

Ils sont tous generalement bien formez et proportionnez de leur corps, et sans difformité aucune, et peux dire auec verité, y auoir veu d’aussi beaux enfans 180|| qu’il y en sçauroit auoir en France. Il n’y a pas mesme de ces gros ventrus, pleins d’humeurs et de graisses, que nous auons par-deçà ; car ils ne sont ny trop gras, ny trop maigres, et c’est ce qui les maintient en santé, et exempts de beaucoup de maladies ausquelles nous sommes suiets : car au dire d’Aristote, il n’y a rien qui conserue mieux la santé de l’homme que la sobriété, et entre tant de Nations et de monde que i’y ay rencontré, ie n’y ay iamais veu ny aperceu qu’vn borgne, qui estoit des Honqueronons, et vn bon vieillard Huron, qui pour estre