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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/173

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mais ; mais on les accommode à diuerses reprises, pour ce que ces piqueures leur causent de grandes douleurs et en tombent souuent malades, jusques à en auoir la fievre, et perdre l’appetit, et pour tout cela ils ne desistent point, et font continuer iusqu’à ce que tout soit acheué, et comme ils le desirent, sans tesmoigner aucune impatience ou depit, dans l’excez de la douleur : et ce qui m’a plus faict admirer en cela, à esté de voir quelques femmes, mais peu, accommodées de la mesme façon. I’ai aussi veu des Sauuages d’vne autre Nation, qui auoient tous le milieu des narines percées, ausquelles pendoit vne assez grosse Patinotre bleuë, qui leur tombait sur la levre d’en haut.

Nos Sauuages croyaient au commencement que nous portions nos Chappelets à la ceinture pour parade, comme ils font leurs Pourceleines, mais sans comparai-194||son ils faisoient fort-peu d’estat de nos Chappelets, disans qu’ils n’estoient que de bois, et que leur Pourceleine, qu’ils appellent Onocoirota estoit de plus grande valeur.

Ces Pourceleines sont des os de ces grandes coquilles de mer, qu’on appelle Vignols, semblables à des limaçons, lesquels ils decoupent en mille pièces puis les polissent sur un graiz, les percent, et en font des coliers et brasselets, auec grand’peine et trauail pour la dureté de ces os, qui sont toute autre chose que nostre yuoire, lequel ils n’estiment pas aussi à beaucoup prés de leur Pourceleine, qui est plus belle et blanche. Les Brasiliens en vsent aussi à se parer et attiffer comme eux.

I’auois à mon Chappelet vne petite teste de mort