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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/178

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ueau, et aduisent entr’eux du moyen de leur conseruation, et par quelle maniere ils pourront perdre et ruyner tous leurs ennemis communs : tout estant faict, et les conclusions prises, ils prennent congé, et chacun se retire en son quartier auec tout son train et equipage, qui est à la Lacedemonienne, vn à vn, deux à deux, trois à trois, ou gueres d’auantage.

Quant aux guerres qu’ils entreprennent, ou pour aller dans le pays des ennemis, ce seront deux ou trois des anciens, ou vaillans Capitaines, qui entreprendront cette conduite pour cette fois, et vont de village en village faire entendre leur volonté, donnant des presens à ceux desdits villages, pour les induire et tirer d’eux de l’ayde et du secours en leurs guerres, et par ainsi sont comme Généraux d’armées. 201|| Il en vint vn en nostre bourg, qui estoit vn grand vieillard, fort dispos, qui incitoit et encourageoit les ieunes hommes et les Capitaines de s’armer, et d’entreprendre la guerre contre la Nation des Attinoïndarons ; mais nous l’en blasmasmes fort, et dissuadasmes le peuple d’y entendre, pour le desastre et mal-heur ineuitable que cette guerre eust peu apporter en nos quartiers, et à l’aduancement de la gloire de Dieu.

Ces Capitaines ou Généraux d’armées ont le pouuoir, non seulement de designer les lieux, de donner quartier, et de ranger les bataillons ; mais aussi de disposer des prisonniers en guerre, et de toute autre chose de plus grande consequence : il est vray qu’ils ne sont pas tousiours bien obeys de leurs soldats, en tant qu’eux-mesmes manquent souuent dans la bonne conduite, et celuy qui conduit mal, est sou-