Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/179

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uent mal suiuy. Car la fidele obeyssance des suiects depend de la suffisance de bien commander, du bon Prince, disoit Theopompus Roy de Sparte.

Pendant que nous estions là, le temps d’aller en guerre arriuant, vn ieune homme de nostre bourg, desireux d’honneur, 202|| voulut luy seul, faire le festin de guerre, et deffrayer tous ses compagnons au iour de l’assemblée generale, ce qui luy fut de grand coust et despence, aussi en fut-il grandement loüé et estimé : car le festin estoit de six grandes chaudieres, auec quantité de grands poissons boucanez, sans les farines et les huiles pour les graisser.

On les mit sur le feu auant iour, en l’vne des plus grandes Cabanes du lieu, puis le conseil estant acheué, et les resolutions de guerre prises, ils entrerent tous au festin, commencerent à festiner, et firent les mesmes exercices militaires, les vns après les autres, comme ils ont accoustumé, pendant le festin, et apres auoir vuidé les chaudieres, et les complimens et remerciemens rendus, ils partirent, et s’en allerent au rendez-vous sur la frontiere, pour entrer és terres ennemies, sur lesquelles ils prindrent enuiron soixante de leurs ennemis, la pluspart desquels furent tuez sur les lieux, et les autre amenez en vie, et faits mourir aux Hurons, puis mangez en festin.

Leurs guerres ne sont proprement que des surprises et deceptions ; car tous les 203|| ans au renouueau, et pendant tout l’esté, cinq ou six cens ieunes hommes Hurons, ou plus, s’en vont s’espandre dans vne contrée des Yroquois, se departent cinq ou six en vn endroict, cinq ou six en vn autre et autant en vn