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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/201

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tuës de ce corps mortel. C’est pourquoy ils enterrent ou enferment auec les corps des deffuncts, de la galette, de l’huile, des peaux, haches, chaudieres et autres outils ; pour à celle fin que les ames de leurs perents, à faute de tels instrumens, ne demeurent pauures et necessiteuses en l’autre vie : car ils s’imaginent et croyent que les ames de ces chaudieres, haches, cousteaux, et tout ce qu’ils leur de-234||dient, particulierement à la grande feste des Morts, s’en vont en l’autre vie seruir les ames des deffuncts, bien que le corps de ces peaux, haches, chaudieres, et de toutes les autres choses dediées et offertes, demeurent et restent dans les fosses et les bieres, auec les os des trespassez, c’estoit leur ordinaire response, lors que nous leur disions que les souris mangeoient l’huile et la galette, et la roüille et pourriture les peaux, haches et autres instruments qu’ils enseuelissoient et mettoient auec les corps de leurs parens et amis dans le tombeau.

Entre les choses que nos Hurons ont le plus admiré, en les instruisant, estoit qu’il y eust vn Paradis au dessus de nous, où fussent tous les bien-heureux auec Dieu, et vn Enfer sousterrain, où estoient tourmentées auec les Diables en vn abysme de feu, toutes les ames des meschants, et celles de leurs parens et amis deffuncts, ensemblement auec celles de leurs ennemis, pour n’auoir cogneu ny adoré Dieu nostre Createur, et pour auoir meiné vne vie si mauuaise et vescu auec tant de dissolution et de vices. Ils admiroient aussi grandement l’Escriture, par laquelle, ab-235||sent, on se faict entendre où l’on veut ; et tenans volontiers nos liures, après les auoir bien con-