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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/202

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templez, et admiré les images et les lettres, ils s’amusoient à en compter les fueillets.

Ces pauures gens ayans par plusieurs fois experimenté le secours et l’assistance que nous leur promettions de la part de Dieu, lors qu’il viuroient en gens de bien, et dans les termes que leur prescriuions : Ils auoient souuent recours à nos prieres, soit, ou pour les malades, ou pour les iniures du temps, et aduoüoient franchement qu’elles auoient plus d’efficace que leurs ceremonies, coniurations et tous les tintamarres de leurs Medecins, et se resiouyssoient de nous oüir chanter des Hymnes et Pseaumes à leur intention, pendant lesquels (s’ils s’y trouuoient presens) ils gardoient estroictement le silence, et se rendoient attentifs, pour le moins au son et à la voix, qui les contentoit fort. S’ils se presentoient à la porte de nostre Cabane, nos prieres commencées, ils auoient patience, ou s’en retournoient en paix, sçachans desia que nous ne deuions pas estre diuertis d’vne si bonne action, et que d’entrer par importunité estoit chose estimée 236|| inciuile, mesme entr’eux, et vn obstacle aux bons effects de la priere, tellement qu’ils nous donnoient du temps pour prier Dieu, et pour vacquer en paix à nos offices diuins. Nous aydant en cela la coustume qu’ils ont de n’admettre aucun dans leurs Cabanes lors qu’ils chantent les malades, ou que les mots d’vn festin ont été prononcez.

Auoindaon, grand Capitaine de Quieunonascaran, auoit tant d’affection pour nous, qu’il nous seruoit comme de Pere Syndiq dans le pays, et nous voyoit aussi souuent qu’il croyoit ne nous estre point importun,