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De la santé et maladie des Sauuages,
et de leurs Medecins.

Chapitre XX.


L es anciens Egyptiens auoient accoustumé d’vser de vomitifs pour guerir les maladies du corps, et de sobriété pour se conseruer en santé : car ils tenoient pour maxime indubitable, que les maladies corporelles ne procedoient que d’vne trop grande abondance et superfluité d’humeurs, et par consequent qu’il n’y auoit aucun re-264||mede meilleur que le vomissement et la sobriété.

Nos Sauuages ont bien la dance et la sobriété, auec les vomitifs, qui leur sont vtiles à la conseruation de la santé ; mais ils ont encore d’autres preseruatifs desquels ils vsent souuent : c’est à sçauoir, les estuues et sueries, par lesquelles ils s’allègent, et preuiennent les maladies : mais ce qui ayde encore grandement à leur santé, est la concorde qu’ils ont entr’eux, qu’ils n’ont point de procez, et le peu de soin qu’ils prennent pour acquerir les commoditez de cette vie, pour lesquelles nous nous tourmentons tant nous autres Chrestiens, qui sommes iustement et à bon droict repris de nostre trop grande cupidité et insatiabilité d’en auoir, par leur vie douce, et la tranquilité de leur esprit.

Il n’y a neantmoins corps si bien composé, ny naturel si bien morigené, qu’il ne vienne à la fin à se debiliter ou succomber par des diuers accidens aus-