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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/233

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Le cry faict, et le banquet finy, chacun s’en retourne en sa maison, iusques à vne autre fois qu’il la reuiendra voir, la soufflera, et chantera derechef, auec plusieurs autres à ce appellez, et luy ordonnera encore de plus trois ou quatre festins tout de suite, et s’il luy vient en fantasie commandera des Mascarades, et qu’ainsi accommodez ils aillent chanter prés du lict de la malade, puis aillent courir par toute la ville pendant que le festin se prepare ; et apres leurs courses ils reuiennent pour le festin ; mais souuent bien las et affamez.

Lors que tous les remèdes et inuentions ordinaires n’ont de rien seruy, et qu’il y a quantité de malades en vn bourg ou village, ou du moins que quelqu’vn des principaux d’entr’eux est detenu d’vne griesue maladie, ils tiennent conseil,280||et ordonnent, Lonouoyroya qui est l’inuention principale, et le moyen plus propre (à ce qu’ils disent) pour chasser les Diables et malins esprits de leur ville ou village, qui leur causent, procurent et apportent toutes les maladies et infirmitez qu’ils endurent et souffrent au corps et en l’esprit. Le soir donc, les hommes commencent à casser, renuerser et bouluerser tout ce qu’ils rencontrent par les Cabanes, comme gens forcenez, iettent le feu et les tisons allumez par les rues : crient, hurlent, chantent et courent toute la nuict par les rues, et à l’entour des murailles ou palissades du bourg, sans se donner aucun relasche : apres ils songent en leur esprit quelque chose qui leur vient premier en la fantasie (i’entends tous ceux et celles qui veulent estre de la feste), puis le matin venu ils vont de Cabane en Cabane, de feu en feu, et s’arrestent à chacun vn petit espace de