Aller au contenu

Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 210 —

la ligne d’vne escriture : l’on a autrefois pezé son nid auec les oyseaux, et trouué qu’il ne peze d’auantage de vingt-quatre grains ; il se nourrist de la rosée et de l’odeur des fleurs sans se poser sur icelles ; mais seulement en voltigeant par dessus. Sa plume est aussi deliée que duuet, et est tres-plaisante et belle à voir pour la diuersité de ses couleurs. Cet oyseau (à ce qu’on dit) se meurt, ou pour mieux dire s’endort, au mois d’Octobre, demeurant attaché à quelque petite branchette d’arbre par les pieds, et se reueille au mois d’Auril, que les fleurs sont en abondance, et quelques-fois plus tard, et pour cette cause est appellé en langue Mexicaine, Ressuscité. Il en vient quantité en nostre iardin de Kebec, lors que les fleurs et les poids y sont fleuris, et prenois plaisir de les y voir : mais ils vont si viste, que n’estoit qu’on en peut par-fois approcher de fort prez, à peine les prendroit-on pour oyseaux ; ains pour papillons : mais298||y prenant garde de prez, on les discerne et recognoist-on à leur bec, à leurs aisles, plumes, et à tout le reste de leur petit corps bien formé. Ils sont fort difficiles à prendre, à cause de leur petitesse, et pour n’auoir aucun repos : mais quand on les veut auoir, il se faut approcher des fleurs et se tenir coy, auec vne longue poignée de verges, de laquelle il les faut frapper, si on peut, et c’est l’inuention et la manière la plus aysée pour les prendre. Nos Religieux en auoient vn en vie enfermé dans vn coffre ; mais il ne faisoit que bourdonner là dedans , et quelques iours après il mourut, n’y ayant moyen aucun d’en pouuoir nourrir ny conseruer long-temps en vie.

Il venoit aussi quantité de Chardonnerets manger