Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/249

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les semences et graines de nostre iardin, leur chant me sembloit plus doux et agreable que de ceux d’icy, et mesme leur plumage plus beau et beaucoup mieux doré, ce qui me donnoit la curiosité de les contempler souuent, et louer Dieu en leur beauté et doux ramage. Il y a vne autre espece d’oyseau vn peu plus gros qu’vn Moyneau, qui a le plumage entièrement blanc, et le chant duquel299||n’est point à mespriser, il se nourrist aussi en cage comme le Chardonneret. Les Gays que nous auons veus aux Hurons, qu’ils appellent Tintian, sont plus petits presque de la moitié, que ceux que nous auons par deçà, et d’vn plumage aussi beaucoup plus beau.

Ils ont aussi des oyseaux de plumage entierement rouge ou incarnat, qu’ils appellent Stinondoa, et d’autres qui n’ont que le col et la teste rouge et incarnat, et tout le reste d’vn tres beau blanc et noir : ils sont de la grosseur d’vn Merle, et se nomment Oiiaiera : vn Sauuage m’en donna vn en vie vn peu auant que partir, mais il n’y a eu moyen de l’apporter icy, non plus que quatre autres d’vne autre espèce, et vn peu plus grossets, lesquels auoient par tout sous le ventre, sous la gorge et sous les aisles, des Soleils bien faits de diuerses couleurs, et le reste du corps estoit d’vn jaune, meslé de gris : i’eusse bien désiré d’en pouuoir apporter en vie par deçà, pour la beauté et rareté que i’y trouuois ; mais il n’y auoit aucun moyen, pour le tres-penible et long chemin qu’il y a des Hurons en Canada, et de Canada en France. I’y vis aussi plusieurs autres espèces d’oyseaux300||qu’il me semble n’auoir point veus ailleurs : mais comme ie ne me suis point informé des noms, et que la chose en soy