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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/257

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Manne des Canadiens, après le poisson, de laquelle ils nous faisoient quelques-fois part.

310||Les Ours et les Martres sont assez communs par le pays : mais les Cerfs, qu’ils appellent Sconoton, sont en plus grande abondance dans la Prouince des Attiuoindarons qu’en aucune autre ; mais ils sont vn peu plus petits que les nostres de deçà, et en quelques contrées il se trouue des Dains, Buffles (car quelques-vns de nos Religieux y en ont veu des peaux) et plusieurs autres especes d’animaux que nous auons icy, et d’autres qui nous sont incogneus.

Les Chiens du pays hurlent plustost qu’ils n’abboyent, et ont tous les oreilles droictes comme Renards ; mais au reste, tous semblables aux mâtins de mediocre grandeur de nos villageois. Ils seruent en guise de Moutons, pour estre mangez en festin, ils arrestent l’Eslan, et descouurent le giste de la beste, et sont de fort petite despence à leur maistre : mais ils donnent fort la chasse aux volailles de Kebec quand les Sauuages y arriuent ; c’est pourquoy on s’en donne de garde. Ie me suis trouué diuerses fois à des festins de Chiens, i’aduouë veritablement que du commencement cela me faisoit horreur ; mais ie n’en eus pas mangé deux fois que i’en trouuay311||la chair bonne, et de goust vn peu approchant à celle du porc, aussi ne vinent-ils pour le plus ordinaire, que des saletez qu’ils trouuent par les rues et par les chemins : ils mettent aussi fort souuent leur museau aigu dans le pot et la Sagamité des Sauuages ; mais ils ne l’en estiment pas moins nette, non plus que pour y mettre le reste du potage des enfans : ce qui est neantmoins fort desgoûtant à ceux qui ne sont accoustumez à ces saletez.