Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/27

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lence, et preste mon oreille patiente aux aduertissemens salutaires de quelques zelans, qui me diront que i’ay employé et ma plume et mon temps, dans vn sujet qui ne rauist pas les âmes comme vn autre sainct Paul, iusqu’au troisiesme Ciel. Il est vray, i’avouë mon manquement et mon demerite ; mais ie diray pourtant, et auec verité, que les bonnes âmes y trouueront de quoy s’edifier, et louer Dieu qui nous a fait naistre dans vn pays Chrestien, où son sainct nom est recogneu et adoré, au prix de tant d’Infideles qui viuent et meurent priuez de sa cognoissance et de son Paradis. Les plus curieux aussi, et les moins deuots, qui n’ont autre sentiment que de se diuertir et d’apprendre dans l’Histoire l’humeur, le gouuernement, et les diuerses actions et ceremonies d’vn peuple barbare, y trouueront aussi de quoy se contenter et satisfaire, et peut-estre leur salut, par la reflexion qu’ils feront sur eux-mesmes.

De mesme, ceux qui poussez d’vn sainct mouuement desireront aller dans le pays pour la conuersion des Sauuages, ou pour s’y habituer et viure chrestiennement, y apprendront aussi quels seront les pays où ils auront à demeurer, et les peuples auec lesquels ils auront à traicter, et ce qui leur sera besoin dans le pays, pour s’en munir auant que de se mettre en chemin. Puis nostre Dictionnaire leur apprendra d’abord toutes les choses principales et necessaires qu’ils auront à dire aux Hurons, et aux autres Prouinces et Nations, chez lesquels cette langue est en vsage, comme aux Petuneux, à la Nation Neutre, à la Prouince de Feu, à celle des Puants, à la Nation des Bois, à celle de la Mine de Cuyvre, aux Yro-