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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/28

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quois, à la Prouince des Cheueux-Releuez, et à plusieurs autres. Puis en celle des Sorciers, de ceux de l’Isle, de la petite Nation et des Algoumequins, qui la sçauent en partie, pour la necessité qu’ils en ont lorsqu’ils voyagent, ou qu’ils ont à traicter auec quelques personnes de nos Prouinces Huronnes et Sedentaires.

Ie responds à vostre pensée, que le Christianisme est bien peu aduancé dans le pays, nonobstant nos trauaux, le soin et la diligence que les Recollets y ont apportés, bien loin des dix millions d’âmes que nos Religieux ont baptizé à succession de temps dans les Indes Orientales et Occidentales, depuis que le bien-heureux Frère Martin de Valence, et ses compagnons Recollets y eurent mis le pied, et fait les premiers la planche à tous nos autres Frères, qui y ont à present un grand nombre de Prouinces, remplies de Couuents, et en suite à tous les Religieux des autres Ordres, qui y ont esté depuis.

C’est nostre regret et nostre desplaisir de n’y auoir pas esté secondez, et que les choses n’y ont pas si heureusement aduancé, comme nos esperances nous promettoient, foiblement fondées sur des Colonies de bons et vertueux François qu’on y deuoit establir, sans lesquelles on n’y aduancera iamais gueres la gloire de Dieu et le Christianisme n’y sera iamais bien fondé. C’est mon sentiment et celuy de tous les gens de bien non seulement ; mais de tous ceux qui se gouuernent tant soit peu auec la lumiere de la raison.

Excuse, si le peu de temps que i’ay eu de composer et dresser mes Mémoires et mon Dictionnaire (apres